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| Le "Miniméca24" comme son nom l'indique, c'est un instrument 24 notes, à lecture mécanique, et qui se veut tout petit. Mais c'est aussi un instrument simplifié, dans lequel n'ont été conservés que les éléments indispensables au fonctionnement. Sans doute un peu au détriment de l'esthétique, mais certainement pas des qualités musicales ni de la fiabilité. Il s'agit donc d'un véritable orgue de barbarie (si si :o)) aux performances que je trouve assez honorables, peu encombrant, qui ne coûte pas cher à construire, ni en matériaux, ni même en temps. Un 24 touches à lecture mécanique ? Il me restait un jeu de 27 anches d'accordéon, coupées et accordées. Alors la tentation était grande, d'en faire un petit instrument. Lecture mécanique : Ca me démangeait depuis un moment de fabriquer un truc à ma sauce, car dans le principe, ça doit pouvoir être très simple (regardez un Ariston). Alors, pourquoi se compliquer la vie? Le standard 24 Thibouville : Il faut tout de même
choisir un standard mécanique ne serait-ce que pour les cartons, qui sont assez
spécifiques. De plus, le répertoire de nos noteurs est encore assez étoffé pour cet instrument. Ah oui... Je n'ai quasiment rien acheté, et presque tout a été construit avec des restes, et ce qui traînait dans l'atelier. Donc faut pas chercher midi à quatorze heures pour trouver une justification à certaines cotes, ou certains matériaux...
Comment ça marche Tout est basé sur la mise en oeuvre d'une "touche-ressort". Le carton la maintient vers le bas, et un petit ressort tient le clapet fermé. Dès qu'une perforation apparait, la touche remonte, et comme la force de son ressort est supérieure à celle du ressort de clapet, celui-ci s'ouvre. Principe de fonctionnement de la bestiole... Rien de bien compliqué! Pour être complet, il faut aussi dire que la force qui ouvre le clapet est égale à la différence de puissance entre les 2 ressorts, augmentée de la pression de l'air qui passe par l'anche. Si tout est identique par ailleurs, plus l'anche est grande, plus son clapet présente de surface, et donc plus il s'ouvre... Eh ben c'est exactement ce qu'il faut!
La construction Dans l'ordre où je les ai construits (de l'intérieur vers l'extérieur comme d'hab), on trouve : Le sommier, la boîte, la soufflerie, et le mécanisme d'entraînement. Et puis pour une fois, j'ai essayé de compter tout le temps que j'y ai passé... Sauf quand ça a raté. Bien sûr c'est purement indicatif, et ça dépend largement de la manière dont on travaille et de son outillage. Mais ça fait partie des choses qu'on me demande souvent. Alors, si ça peut donner une idée...
Le sommier (Temps passé : 17 heures) C'est le plus difficile : En fait tout est là.
Le petit trou sur les clapets c'était pour fixer un crochet de manoeuvre, mais j'ai fait autrement...
La boucle de ressort est enroulée sur une queue de forêt de 4.5 mm Les queues des touches sont insérées dans un tasseau qui les solidarise. Le bloc complet est vissé derrière l'ensemble des clapets, et les becs se glissent dans des étriers solidaires des clapets. Un petit amortisseur en feutre atténue le claquement métal sur métal, à la remontée de la touche. L'amortisseur c'est du feutre à touches de piano, fixé avec une goutte d'Araldite
Il y a également une fine bande de papier sur le côté pour l'étanchéité Voilou ! Le plus dur est fait. Yapuka mettre du vent dessous, et faire passer les cartons dessus.
La Boîte (Temps passé : 5 heures) Elle fait également office de chemin de carton et de châssis. On laisse 155 mm entre les bords, comme ça on a le millimètre réglementaire de marge sur la largeur du carton. Tout est en ctp de 10 mm. Les joints sont en place. La vis qui dépasse à l'intérieur actionne la soupape de décharge de la soufflerie Les 2 entailles rectangulaires sur le dessus recevront le mécanisme. Il faut aussi noter que les extrémités n'ont été mises en place que lorsque la hauteur du chemin de carton a été ajustée.
La soufflerie (Temps passé : 11 heures) Elle est composée d'un soufflet double de 140 mm de large, surmonté d'une petite réserve. Tout l'intérieur est verni comme d'hab. Le garnissage est majoritairement en carton, mais partout où ça plie, c'est de la peau: des bandes de 15 mm et des coins triangulaires. Les collages sur le carton sont à la vinylique, et sur le bois, à la colle d'os. Le bloc soufflerie complet. Y m'plait bien moi :o) Pour un si petit soufflet, cette technique ne permet pas d'économiser beaucoup de peau, mais dans le cas d'un grand, ce serait nettement plus significatif. En tous cas, ça m'a permis d'employer des restes de chevreau. Et puis... J'avais envie d'essayer. ;o)
L'entraînement du carton (Temps passé : 21 heures) Pas de poulie, pas de transmission. Maneton de vilebrequin vissé, et galet d'entraînement garnit de Sikaflex. Le presseur de touches est un assemblage collé, de rondelles et d'entretoises. Ca tourne sur des paliers en nylon, et l'ensemble se glisse dans les ouvertures de la boîte, avec 4 vis pour tout fixer. Entre-axes maneton : 22 mm Les vis de fixation sont des vis à placo longues C'est aussi le moment de fabriquer et d'installer, la grille de guidage des touches, ainsi que la came d'abaissement qui permet la mise en place du carton. La came : un peu de travail de tournage, mais on peut faire autrement Mais... Comment faire, pour bien aligner tout ce bazar et que ça marche? Alors voilà... Le dessus de l'entretoise qui relie les 2 parties latérales du mécanisme constitue le plan de référence. 1. On met en place l'ensemble sommier + touches. L'effet ressort des touches est tel qu'à vide, l'extrémité des clapets se soulève d'un peu plus de 3 mm. Tant que l'on n'a pas ça, et de manière homogène sur l'ensemble des touches, c'est pas la peine d'essayer d'aller plus loin. On y parvient en travaillant légèrement les queues des touches. Tous bien alignés... 2. On installe la came d'abaissement des touches de manière à ce qu'en position abaissée, le fond de toutes les touches décolle du feutre des étriers. Il faut bien prendre les cotes, et être assez précis pour percer le logement de l'axe... Au besoin on ajuste en glissant une feuille de carton sous le sommier. C'est ce que j'ai fait. Autrement, il y a aussi la solution de rapporter une douille avec un perçage excentré... Touches levées, puis touches abaissées. Ca décolle d'environ 1 mm 3. Bas du mécanisme en place, on va amener le plan de référence au niveau des touches abaissées. Soit en limant le fond des découpes dans la boîte ou en rabotant les dessous des coussinets pour baisser, soit en calant pour remonter. Une petite règle pour vérifier l'alignement 4. La grille de guidage des touches est assemblée par collage à mi-bois à l'extrémité de la tablette d'entrée. Cette grille est ensuite fixée dans la feuillure de l'entretoise du mécanisme. Touches abaissées, rien ne dépasse. 5. Il ne reste plus qu'à fixer les tablettes d'entrée et de sortie bien dans l'alignement l'une de l'autre, en ajustant la hauteur des extrémités du coffret. A ce stade on est donc sûr que lorsque les touches sont abaissées au niveau de la grille, tous les clapets sont fermés. Et lorsqu'on libère une touche, le clapet correspondant se soulève. Histoire de butée, et de
clac-clac...
La came et sa peau "anti clac-clac" Et voilà, la construction est terminée. On peut tenter un premier carton :o) L'ensemble du système de touches prêt à fonctionner
Réglages (Temps passé : environ 3 heures) Si toutes les pièces qui constituent le système de touches sont identiques, il n'y a pas grand chose à régler. Les clapets doivent être fermés quand les touches sont au ras de la grille, et il suffit donc que le fond des touches décolle légèrement des feutres amortisseurs. Les ajustages individuels peuvent se faire en jouant sur l'inclinaison de l'étrier de manoeuvre des clapets (c'est pour ça qu'ils ont cette forme...). Mais je n'ai pas eu à y toucher Il a également été nécessaire de reprendre l'accord de quasiment toutes les anches...
Finitions (Temps passé : 5 ou 6 heures) J'vous avais dit qu'il me restait de la peinture ;o). Cette fois, y'en a plus! Les dimensions finales (hors manivelle) sont : 35 cm de large, 18 cm de profondeur, et 22 cm de haut, pour un poids de 3 kg tout rond. Promis, la prochaine fois j'essaye d'imaginer une autre déco ! Dans un but de simplification, la bielle est laissée apparente à l'avant. Après tout, il y a bien aussi une manivelle de l'autre côté... Ceci dit, il serait tout à fait possible d'ajouter un petit panneau qui masquerait cette bielle, et qui par exemple, pourrait également abriter un volet d'expression, qui viendrait ouvrir ou fermer les ouvertures circulaires. La profondeur de l'instrument se rapprocherait alors de 20 cm.
Musique Pour l'instant j'ai ce seul carton... (Merci à Hervé pour le prêt). L'arrangement est de Paul Boyadjoglou. On discerne parfois le claquement de quelques touches. En fait, non pas contre l'amortisseur de la came, mais contre le moyeu du rouleau presseur. Mais bon... J'en ai entendu des pires ! ;o)
Quelques chiffres... Ces données m'ont un peu manqué pour démarrer cette construction. Les voici donc, mesurées sur l'instrument terminé.
Je ne suis pas dessinateur, loin s'en faut! Alors, je n'ai pas osé appeler ça un plan... Dans ce document, j'ai regroupé un certain nombre de croquis et dessins, qui devraient comporter la plupart des informations nécessaires à la réalisation de ce petit instrument. Afin que ce soit facilement lisible (et pas seulement avec un outil de dessin spécifique), j'ai tout mis au format pdf. Il s'agit d'un seul fichier contenant 2 pages. Lorsque ces pages sont imprimées chacunes sur un format A3, et qu'on les assemble, on obtient un format A2 à l'échelle 1. En cas de difficultés, je veux bien essayer vous faire l'impression... Bien sûr, tout cela est perfectible. N'hésitez pas à me remonter les erreurs et omissions qui vous ne manquerez pas d'y trouver... :o) Total du temps passé : environ 63 heures. Et sans doute presque autant en croquis, essais et ratages divers et... à composer cette page ;o) |