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Il existe bien 36 manières de fabriquer les flûtes.
Celle qui est présentée ici ne prétend être, ni la meilleure, ni la plus
simple, mais c'est tout bonnement celle que j'emploie actuellement.
Les matériaux de base : Des planchettes de pin à lambris rabotées à 4 mm, du chêne "en tranches" de 10 à 12 mm d'épaisseur tirées d'un beau bastaing, et du contre-plaqué en 5 et 10 mm d'épaisseur. Il y a assez de tranches de chêne pour faire un jeu complet Le banc de montage : Chacun
procède comme il veut pour les collages. Pour ma part, et dès le premier
instrument, j'ai réalisé ce banc
avec des chutes de plan de travail de cuisine assemblées à angle droit. Comme
ça l'équerrage est parfait. Le serrage peut s'effectuer avec des serre-joints,
mais la plupart du temps, des taquets à excentrique associés à quelques
gros tasseaux font l'affaire.
C'est parti : On va réaliser un Sol# à 415 Hz (L'une des 2 notes supplémentaires du 29 :o)) Le tableau de dimensions indique : 20 mm de section et une longueur totale de 231 mm. Ce sont les 2 cotes nécessaires pour pouvoir démarrer la construction.
Découpe des éléments : On suppose que le pin est déjà raboté à 4 mm. On règle le guide parallèle de la scie circulaire à 20 mm. Oui un mètre est bien assez précis dans ce cas... On ne construit pas un moteur de formule 1 ;o) Contre le guide ainsi réglé, on découpe successivement : Et voilà. Tiens? Il y a un morceau en plus (marqué d'une croix) et un bout
de carton. Késako? Le bouchon en trois temps : Si le bouchon doit être tiré d'un tasseau, on fait pareil pour mettre le tasseau à la cote. Pour l'avant et l'arrière, même méthode pour régler le guide de la scie:
On ne mesure rien, et ce sont les éléments existants qui déterminent la
cote. Un côté + 2 épaisseurs de bois = cote des faces avant et arrière Et voilà le "kit" tuyau au complet : Un des blocs de chêne est percé en son centre d'un trou de 8 mm pour l'arrivée d'air, tandis que l'autre est mis en biseau à 45° afin de former la partie inférieure du passage d'air (au lapidaire ça marche très bien) :
L'assemblage : Ne pas oublier l'intercalaire à l'extrémité Dès que la colle est prise (colle rapide à 5 mn de serrage), on tourne d'un quart de tour, et on colle l'arrière.
Pendant que ça sèche tranquillement, on va fabriquer la bouche. Et puis tant qu'à faire, on va se faire une bouche à l'ancienne, et carrément à la main siouplait. Yo! Comment tailler une bouche "à oreilles" (ou à joues, ou à c'que vous voulez...) : La planchette est bien d'équerre, et on commence par reporter
la hauteur de bouche. Il nous faut 10.9 mm, mais on va se
prendre une petite marge. Des 2 côtés de
la planchette, on trace un trait à 12 mm de l'extrémité.
On retourne la planchette (côté intérieur de la flûte), et
à l'aide d'une chute de 4 mm d'épais, on trace les épaisseurs de bois de part
et d'autre du premier trait, de manière à délimiter la largeur de bouche. Cette fente doit être nette, effectuée d'un seul geste si possible sans reprise, et pas trop profonde (1 mm max). Il est prudent de faire quelques essais sur des chutes pour se faire la main. Retourner à nouveau la planchette, et la fixer dans les mors
d'un étau à environ 10 mm du haut de ceux-ci. Avec une scie fine (scie
japonaise...) découper la limite du bord des oreilles. Pas besoin de mesurer ou
de tracer, il suffit d'intercaler une chute de bois entre la scie et le mors
pour avoir la bonne cote.
Quand cette étape est terminée, le dessus et le dessous doivent ressembler à ça :
Ensuite, avec un ciseau bien affûté, tailler la bouche par le
dessus en y allant par passes minces et en commençant contre les traits de scie. Crac! Ca s'ouvre. C'est t'y pas biau? Note importante : Il ne faut pas tailler l'extrémité en couteau, mais au contraire laisser une "certaine épaisseur", de l'ordre de celle de la lame d'air. Pour terminer, il reste à ajuster la hauteur de bouche à la cote exacte à l'aide du lapidaire (voir la jolie photo floue). Faut pas laisser le pied à coulisse quand le disque tourne hein ;o) Eh ben ça doit en prendre du temps me direz-vous? Non non, pas tant que ça. Quand on est bien habitué, on taille un bouche en guère plus de 5 mn. Il faut s'entraîner, s'entraîner encore, et bien apprendre à sentir le sens des fibres du bois pour tailler la bouche du côté où elle se taille presque toute seule (il n'y a que 2 possibilités ;o)). Ce ne sont pas les innombrables chutes qui manquent dans un atelier... Et puis ça fait du bien de temps en temps, de travailler en silence, en dehors du boucan des moteurs et des machines ! Pendant ce temps là, le reste du tuyau a séché... Collage de la face avant Bien poncer le dessus de la flûte auparavant de manière à mettre tous les éléments dans le même plan. Ensuite, il faut juste faire attention à aligner le haut du bloc de pied, et le bas des oreilles de la bouche.
Finition du résonnateur : Mise à la longueur, en se donnant un peu de marge. Puis on passe un léger coup de dégau (ou ponçage) sur les 4 faces.
Pose du bouchon : Poser la pièce constituant le bouchon sur un morceau de peau et l'introduire à l'extrémité de la flûte. Dès que ça force un peu (ne pas fendre le bois), couper l'excédent de peau au ras du tube. Ensuite le bouchon coulissera parfaitement jusqu'au point d'accord. Traditionnellement la peau n'est pas collée sur le bouchon afin de lui garder sa souplesse, et l'expérience montre que effectivement cela n'est pas nécessaire. Cependant, quand on accorde la flûte, il arrive parfois que la peau reste dans le tuyau si on doit remonter le bouchon. Pour éviter ce désagrément, je met un point de colle au milieu du bouchon avant de poser la peau. Plus tard, la vis pourra être remplacée par un "bitonniau" décoratif. Mais fonctionnellement, elle suffit ;o)
Harmonisation : Il est hors de propos ici de faire un topo complet sur
l'harmonisation. Il s'agit simplement de faire "parler" la flûte. Si elle a été
construite soigneusement et en respectant toutes les cotes, il y a des grandes
chances pour que le résultat ne soit déjà pas si mal. Avant toute chose, il faut s'assurer de l'étanchéité de tous
les collages ainsi que de celle du bouchon. Préparer également un bloc de bois aux arètes bien nettes, et qui viendra couvrir tout le pied. Dans un premier temps, on peut se contenter d'une chute de tasseau bien propre. L'essentiel du travail consiste à enlever de la matière sur le dessus du bloc en biseau à l'aide d'une lime, de manière à laisser passer un mince filet d'air. En théorie 0.6 mm d'après le tableau de calcul. Mais en pratique, moins on en met et mieux c'est! La flûte n'en sera que plus stable, et surtout elle consommera moins d'air. Et comme dans un orgue il ne faut jamais en manquer... Economisons-le! La lime doit suivre le même angle que la lèvre supérieure,
sans la toucher. Dès que la flûte chante, l'accorder sur sa vraie note en retouchant la position du bouchon. Puis terminer le passage d'air "à l'oreille", en l'ouvrant juste ce qu'il faut pour que le son soit satisfaisant, et en l'égalisant soigneusement comme sur la photo ci-dessus.
Pose du bloc définitif : Il est tiré d'un morceau de bois épais (minimum 10 mm), dûr (chêne, hêtre, ramin, poirier, cerisier, noyer...), et ne travaillant pas. Les fibres doivent être dans le sens du flux d'air. La plupart du temps, vous verrez des blocs vissés. Mais la pose
de toutes petites vis dans des planchettes de 4 mm ou moins n'est pas aisée.
Pose du bloc sur sa feuille de papier Et puis, j'ai aussi pris l'habitude de graphiter le canal d'air. Il paraîtrait que ça protége le bois de l'humidité... Chacun ses marottes hein! ;o) Et voilà ! Pour entendre la flûte, cliquer l'image. Yapuka faire les 28 autres pour fabriquer l'orgue de vos rêves... |