Réglages et histoires de sonorité
Précédente Suivante

 

Accueil
Remonter

 

Réglages

En visitant différents sites où l'on aborde l'entretien des accordéons, j'avais retenu la phrase suivante : "... tout ce qui fait la musique est absolument inaccessible quand l'entend...". Effectivement, les anches d'un accordéon sont dans le soufflet, et leur réglage n'est pas aisé, c'est le moins qu'on puisse dire ! Ici c'est le contraire. L'accès aux anches est facile, mais pour le système de soupapes c'est une autre histoire.

Très inspirée de ce qui se fait dans le domaine de l'accordéon, la méthode de réglage des soupapes sera donc la suivante : on écoute, on prend des notes, on démonte, on règle, on remonte et... on recommence jusqu'à ce que ce soit satisfaisant !

Ca donne à peu près les étapes suivantes :

bullet1. Situation de départ : Tous les ressorts sont réglés à la même pression à l'aide d'un peson, tous les clapets ont une course de 2 mm, et... toutes les anches chantent, bien évidemment.
bullet2. On remonte le sommier et on passe un premier carton de test. Ce carton comporte une seule perforation de 10 mm par note et va servir à égaliser les puissances sonores. On passe le carton plusieurs fois et on essaye de donner à chaque note une estimation de son niveau (sur une échelle de 1 à 10 par exemple). C'est beaucoup plus facile avec un outil d'analyse spectrale du son (Tunit par exemple). On note tout dans un tableau, et on démonte.
bullet3. En se référant à la note la moins puissante, on va diminuer l'ouverture des clapets des notes plus fortes en vissant leurs vis de course d'un quart de tour. Cela va essentiellement concerner les aigues qui ont tendance à passer au-dessus des autres notes.

Vis_reglage.JPG (118165 octets)

Les vis de réglage

bullet4. On retourne à la phase 2, et on note à nouveau la puissance des notes qui sont encore trop fortes. Puis on recommence jusqu'à ce qu'elles soient à peu près identiques. En 5 ou 6 passages cela doit être bon, et normalement, on ne doit jamais dévisser (sauf si on s'est trompé de note...).

 

bullet5. Ensuite on passe un carton de répétitions: 5 ou 6 trous de 3.5 mm tous les 3 mm pour chaque note. Et de la même manière on va répérer les anches qui répètent moins bien que les autres.
bullet6. La répétition des notes un peu trop lentes s'obtient en réduisant lègèrement la pression du ressort. Là encore, si l'on prend bien soin de noter ce qui se passe et de ne toucher qu'aux ressorts concernés, en 5 ou 6 passages ça devrait être bon. Et puis ce sont des anches, et elles trainent un peu au départ et à l'arrêt. Faut donc pas espérer que les notes rapides se détachent aussi nettement qu'avec des flûtes.

ressort_repete.JPG (111369 octets)

Les ressorts

Remarque : Cela peut paraître laborieux, mais en fait c'est assez rapide. La dépression arrange bien les choses, car si j'ai mis un bon paquet de vis pour fixer le sommier définitivement (bien trop), il est inutile de les visser en phase de réglage. On pose simplement le sommier sur la boîte à vent, la dépression le plaque contre le joint, et rien ne fuit. Donc, entre deux étapes, la seule chose qu'il y ait à démonter est la chaîne d'entraînement. En otant le second palier ça va encore plus vite, il suffit de "dépasser" la chaîne et de retourner le sommier.

joint_boite_a_vent.JPG (75774 octets)

Le joint de cuir (peau de vachette)

Accord

Les anches n'ont été accordées qu'à l'issue des opérations précédentes. J'ai utilisé un accordeur électronique (Korg...). Pendant toute cette opération, il faut veiller à laisser l'accordeur au même endroit, et surtout (!) ne pas le poser sur l'instrument car la retransmission des vibrations à son micro interne fausse pas mal de choses.

Pour travailler les anches, j'ai utilisé une mini fraise (et non une meule qui parait-il chauffe davantage le métal). Pour augmenter la fréquence de l'anche, on enlève de la matière à l'extrémité. Si on est trop haut, on peut légèrement baisser la fréquence en travaillant côté rivet (mais faudrait pas, car ça fragilise).

accord_anches.JPG (123588 octets)

Traces d'accord...

L'avantage avec les anches, c'est qu'il est assez facile de les accorder pile poil sur la note, et que cet accord ne change quasiment plus ensuite. Donc, l'accord peut être réalisé nickel de chez nickel !

 

Sonorité

Voici un enregistrement effectué "anches nues". Il s'agit de la valse d'Amélie Poulain, et l'arrangement est de Bernard Caudroy

Amélie.MP3 (939 Ko)

Je trouve que ça ferraille un peu, surtout dans les aigues. Dommage, car le morceau vaut mieux que ça!

Alors, j'ai remis en questions plein de choses : la matière du sommier et des porte-anches, les anches elle-mêmes, la façon dont elles sont fixées, la pression à laquelle elles fonctionnent...

Pas question de changer d'anches, et la pression ne modifie pas grand-chose. En revanche, la nature du sommier et des porte-anches semble avoir une certaine importance. En fixant les anches sur une planche beaucoup plus épaisse, il semblerait que le bruit de ferraille s'atténue un petit peu. Mais bon... dans un accordéon, elles sont fixées sur quelques centimètres cubes de bois et tout va bien, et puis il est trop tard pour faire des grosses modifications de ce côté. Alors...

Ceci dit, il y a tout de même une différence fondamentale entre un accordéon et mon montage: Dans le premier cas, les anches sont dans le soufflet, et en aucune manière, le son n'arrive directement aux oreilles de l'auditeur. Alors que là, surtout en l'absence de coffret comme lors de cet enregistrement, elles sont en vue directe.

L'idée est donc d'essayer de les couvrir "un peu", pour tenter de filtrer tous ces sons indésirables. Le pb, c'est que ça n'a pas été prévu, et qu'il n'y a pas trop de place. Un premier essai avec des petits boîtiers en carton épais a tout de même donné des résultats plutôt encourageants.

capot_anches1.JPG (126701 octets)   capot_anches2.JPG (127885 octets)

Le capot des anches

J'ai donc fabriqué ces petits capots en planchettes de peuplier de 3 mm d'épaisseur. Au départ, les fentes mesuraient environ 1 mm de large, avec pour double rôle, d'entrée pour l'air, et de sortie pour le son. Le premier résultat est que ça a fortement atténué le bruit de ferraille, mais le son est devenu un peu nasillards. Bof alors... Et puis, suite à la discussion à propos de la peau de lapin, j'ai recouvert l'intérieur des capots d'une peau de chamois. En élargissant un peu les fentes (à peine 1.5 mm), tout a changé, et j'ai à peu près obtenu la sonorité que je voulais... Youpi!!

Ben, ça n'aura pas été sans mal.

...Musique!