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Bases

Dans les organettes à rouleaux, la flûte de pan est habituellement arrondie. Le galbe de celle-ci, de même que le cheminement du papier et son sens d'enroulement, sont conçus de manière à bien l'envelopper. De plus, le système à dépression aspire le papier et le plaque contre elle. Il n'est donc nullement besoin de presseurs.

Pour passer des cartons, le problème est tout autre. Par nature, celui-ci est beaucoup moins flexible, et un presseur le maintient contre la surface plane de la flûte de pan. Et puis, un autre presseur est également nécessaire pour le faire avancer.

En tenant compte de la contrainte initiale, qui est de pouvoir passer ces deux types de support en donnant la priorité aux rouleaux, il va falloir faire un joyeux mélange des deux systèmes!

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Le module mécanique complet. Il est fixé sur le dessus de l'orgue au moyen de 4 vis.

Principes retenus

La flûte de pan:

La quadrature du cercle, c'est le cas de le dire ! Elle devrait être plane pour lire les cartons, mais néanmoins arrondie pour le papier! Alors, on va l'arrondir sur les bords, et laisser une surface quasiment plane d'environ 8 mm au milieu (ça tombe bien grâce à la présence de la bande de laiton). En lecture carton c'est plat sur plat donc pas de pb. En lecture papier, la dépression le plaque sur la partie centrale, et ça devrait le faire! ;o)

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Arrondit, quasiment plat, et re-rond!

Avance papier/carton:

L'idée de base est de se servir du noyau de la bobine réceptrice de papier comme galet d'entraînement du carton. Pour ce faire, il sera donc recouvert de caoutchouc. OK. Mais le papier s'enroule dans un sens, et le carton doit défiler dans l'autre. Donc, les sens de rotation de la bobine doit pouvoir s'inverser... Y'a de la mécanique qui s'annonce!

Les presseurs:

Ils ne seront utilisés qu'en mode carton et devront se faire oublier en mode rouleau. Si possible ils seront escamotables. On va donc essayer de les faire tout petits...

Au boulot!

 

1. La bobine réceptrice

Un rondin en hêtre de 25 mm de diamètre, est monté sur un axe en acier stub de 6 mm. Il faut que ça tourne bien rond et que le cylindre soit aussi parfait que possible. Sinon le papier s'enroule n'importe comment en se pliant contre les bords, et si c'est du carton, il avance de travers.

Le garnissage en caoutchouc (l'idéal serait une vulcanisation) est un morceau de chambre à air collé à la néoprène. Il faut faire propre et ne pas gâcher le beau cylindre qu'on vient de faire. En s'y prenant bien, on peut parvenir à un résultat des plus satisfaisants.

Alors... On retourne le morceau de chambre (intérieur vers l'extérieur donc) car l'extérieur comporte des aspérités de moulage qui feraient des "petites bosses". Puis on décape à l'acétone la surface qui était talquée auparavant, et on talque celle qui est maintenant à l'intérieur. On met de la néoprène sur le rouleau en bois ainsi que sur l'extérieur du caoutchouc (vous suivez?). Lorsque la colle est sèche, on retourne le morceau de chambre de quelques mm vers l'intérieur, et on l'applique colle sur colle donc, sur une extrémité du rouleau maintenu dans un étau par son arbre, et en alignant bien le tout. Ensuite, il suffit de dérouler façon préservatif. L'extérieur de la chambre se retrouve à nouveau en surface, tout va bien!...

Important: Il faut absolument talquer la face opposée à la colle, sinon il est quasiment impossible de procéder à ce déroulage. Mais finalement, ça se fait mieux que ça ne s'explique. Suffit d'essayer, sans colle une première fois... ;o)

Ensuite, on remonte le rouleau sur le tour, et on le ponce au papier de verre 80, de manière à le rendre légèrement rugueux.

L'échancrure du milieu servira à accrocher l'amorce du papier. Elle est effectuée au rouleau ponceur sur toupie, par exemple... Surtout pas un outil à feuillure qui a tendance à faire éclater le bois en sortie. J'ai raté un premier exemplaire en m'y prenant de cette manière.

Enfin, on arase le caoutchouc aux extrémités, et on colle les joues.

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La bobine terminée. Le système d'accrochage du papier n'est pas encore définit (crochet, tête de vis, rien... ?)

2. La pignonnerie d'entraînement papier-carton

Elle est construite avec des engrenages en nylon, récupérés sur le système d'alimentation en papier d'une grosse imprimante laser. Des pignons en laiton ça aurait sans doute fait plus "pro" mais bon...

Une sorte de barillet centré sur le pignon d'entraînement, distribue le mouvement par l'intermédiaire d'un pignon satellite, soit directement sur le pignon de la bobine dans le mode carton, soit par l'intermédiaire d'un pignon inverseur en mode rouleau. Une troisième possibilité offre un mode débrayé, qui permet le rembobinage.

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Le barillet dans ses 3 positions: carton, rouleau et débrayé

Les paliers sont des douilles en laiton, collées à l'Araldite dans les côtés d'un chassis en chêne. Une bille poussée par un ressort enfermé dans un petit canon en laiton, verrouille le système dans les 3 positions possibles.

La liaison avec le vilbrequin se fait par un système pignon-chaîne. Les poulies en bois ont été abandonnées car ça patinait parfois avec des cartons. Il a donc fallut se résoudre à couper le joli vilbrequin pour mettre en place une roue dentée. Et puis il a également été nécessaire de fabriquer ces 2 roues dentées sur mesure, car bien sûr je n'ai rien trouvé qui convenait. Une belle prise de tête ce truc, surtout quand on n'a pas exactement le matériel qu'il faudrait (plateau diviseur/fraiseuse...)!

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La roue dentée côté mécanisme d'entraînement

Difficultés:  Pas tant que cela finalement quand on a mis la main sur le bon jeu d'engrenages, si ce n'est qu'il faut positionner les différents axes avec précision afin qu'il n'y ait ni trop de jeu, ni points durs. La meilleure méthode que j'ai trouvée pour effectuer convenablement les perçages dans du bois, est de fabriquer au préalable un gabarit en tôle d'acier d'au moins 1,5 mm d'épaisseur. On teste soigneusement l'assemblage sur le gabarit, puis on l'utilise comme guide pour contre-percer les planchettes. Le métal guide le forêt, et les trous sont au bon endroit!

 

3. La bobine débitrice et son dispositif de rembobinage

Tant qu'à faire, l'instrument devra pouvoir accueillir des bobines de musiques standard. Au passage, merci encore à Paul Boyadjoglou qui m'a fait parvenir un exemplaire d'une telle bobine. 

L'axe d'une telle bobine est doté de cavités d'entraînement au format 6 pans. Sans trop réfléchir, j'ai utilisé une vieille clé Allen, pour confectionner les axes correspondants. Moralité: c'est dûr à usiner une clé! Tout ça pour me rendre compte qu'en électronique, on utilise couramment des colonnettes hexagonales pour surélever les cartes de circuit imprimé, et dans des dimensions qui conviennent parfaitement, et j'en avais un plein tiroir... Mais bon, quand on a décidé de se compliquer la vie !

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Les 2 demi-axes, et le ressort. Toujours le couteau à enduire...

La bobine est donc maintenue sur 2 demi-axes disposés à chacune de ses extrémités. L'axe opposé à la manivelle est doté d'un ressort lui permettant de s'escamoter lors de la mise en place et du retrait de la bobine.

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Un bistable mécanique pour désacoupler la manivelle de rembobinage.

Pour le rembobinage... Rebelote du côté des engrenages en nylon! Un système d'embrayage au moyen d'un engrenage intermédiaire permet de désolidariser la manivelle de rembobinage de la bobine débitrice. Indispensable, car cette manivelle pourra se trouver contre le tourneur et ne doit pas être entraînée quand le papier se déroule.

 

4. Le presseur

Complètement métallique, et à base de sections en fer carré de 8 mm assemblées au moyen de vis de 4 mm dans des taraudages effectués aux extrémités des parties transversales.

Astuce: Pour être sûr de bien aligner perçages et taraudages, on pointe les trous sur les parties externes, et on assemble toutes les pièces avec une colle cyanolycrate. Puis, en maintenant bien l'ensemble dans l'étau, on perce simultanément, et jusqu'à la profondeur requise par les vis, toutes les pièces en regard, avec un petit forêt de 2 mm par exemple. Ensuite, les collages se séparent aisément d'un léger coup de marteau. Il suffit alors de bien enlever la colle, d'agrandir tous les trous au bon diamètre et de tarauder. Lors du montage tout s'alignera parfaitement. C'est une méthode plus boiseux que métalleux (on ne mesure absolument rien!), mais je l'utilise très souvent, et elle donne d'excellents résultats!

Les rouleaux font seulement 14 mm de diamètre et tournent sur des paliers lisses. Les canelures du presseur de flûte de pan sont d'une profondeur de 1 mm. Le presseur d'entraînement est garnit d'un tronçon de tuyau d'alimentation en eau de machine à laver.

L'ensemble comporte un seul ressort disposé au centre. Il est constitué d'une lame, tirée d'un couteau à enduire de peintre, (comme pour l'orgue à flûtes...). Un petit capot minimal en aluminium couvre le tout.

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Le presseur vu de dessous, et de dessus capot enlevé. Epaisseur totale: 20 mm

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Détail de l'extrémité. J'aurais sans doute pu gagner en poids avec quelques pièces en alu.

La charnière semble un peu compliquée mais finalement pas tant que ça. Il faut tout de même dire que je n'y suis pas arrivé directement, et je suis passé par quelques étapes intermédiaires qui ne me satisfaisaient pas vraiment. J'avais aussi conçu un autre type de charnière qui permettait d'enlever et de remettre rapidement le presseur. Mais pour le ranger où hein? Dans l'orgue pour ne pas le perdre et toujours l'avoir sous la main? Alors quitte à ce que le presseur soit là, autant qu'il soit prêt à être utilisé!

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La charnière et le verrou de presseur.

Cette charnière permet d'escamoter le presseur en le rabattant vers l'avant de l'instrument, et de le remettre facilement en place dans la position qui va bien. Que demander de mieux! Et puis, la petite excroissance de 7mm que cela procure à l'avant devrait assez bien s'intégrer dans la décoration. Enfin je pense...

 

5. Utilisation

Ca n'a pas l'air bien simple tout cela, mais rien qui ne soit irréalisable non plus ! En tous cas c'est très agréable à utiliser, et on passe du mode rouleau au mode carton en quelques secondes. Le mode rouleau est un "vrai mode rouleau" comme sur n'importe quelle organette de ce type et ça donne un ensemble très compact. Le mode carton est aussi un "vrai mode carton", avec son presseur relevable et tout les avantages que cela comporte... 

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Le presseur est rabattu, on tourne un rouleau

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Presseur en place, c'est du carton qui passe. Le chemin de carton fera partie du coffret

Par ailleurs, le faible diamètre des rouleaux du presseur me faisait un peu douter de son efficacité. Finalement, il remplit parfaitement sa fonction, même avec des cartons bien épais, et sans "couac" particulier au moment du passage des plis. Mais c'est peut-être en partie grâce au fonctionnement en dépression...

 

Eh ben finalement on y arrive... Y'a plus qu'à mettre en boîte!

Le coffret