Réfection de la soufflerie d'un Organina
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L'Organina est un instrument robuste et particulièrement bien construit, mais au fil des ans, la peau de ses soufflets se fendille ou devient poreuse, les clapets se racornissent, il perd son souffle... Bref, il est temps d'en refaire complètement la soufflerie.

Démontage

Les soufflets se trouvent sous l'instrument sur un sommier spécial, parfois appelé "sommier des soufflets". Un démontage complet de toute la partie supérieure est nécessaire pour l'extraire du piètement.
Ce sommier est constitué d'un assemblage de planches de merisier collées bord à bord, et recouvertes de papier d'une couleur verte caractéristique. Une fois que tout est démonté, voici ce à quoi il faut s'attendre :

Dessus_sommier_avant.JPG (76712 octets)

Le papier a souffert pendant le décollage des soufflets.

Pour refaire les soufflets, il est nécessaire de les séparer complètement du sommier. On commence par arracher l'ancienne peau le plus complètement possible, de manière à ne laisser que les dormants sur le sommier. C'est pas plus mal d'essayer de récupérer une garniture complète, de même que les clapets, afin de s'en servir de patrons pour préparer les nouvelles peaux.

Vieilles_peaux.JPG (84400 octets)

Les clapets racornis, et la peau... Bien fatiguée.

La réserve se démonte aisément car elle est fixée avec des vis. En revanche, les dormants des soufflets sont collés à la colle d'os. A l'aide d'un fer à repasser, position vapeur, et d'une lame fine que l'on glisse en dessous, on en vient à bout. Mais ce n'est pas facile, car cette colle a un fort pouvoir adhésif instantané, et même quand elle est ramollie, tout tient encore parfaitement.

Decollage_dormants.JPG (95618 octets)

Pose pour la photo juste avant le remontage. Au démontage c'était moins joli !

Préparation

Ensuite vient la phase la plus longue de remise en état des pièces. Toutes les traces d'ancienne colle, de peau ou de papier, sont enlevées à l'eau chaude, et toutes les pièces sont soigneusement poncées. Sur ce modèle, les battants et les dormants sont également en merisier, et l'on obtient assez facilement un très bon état de surface.
Au passage c'est très instructif de bien regarder comment sont conçus ces soufflets. Voir par exemple la petite cale qui ménage tout juste l'épaisseur peau + carton entre battant et dormant, ainsi que le décrochement de cette cale sur les côtés pour laisser passer la pointe des éclisses. Conséquences : rien ne force, et les soufflets s'actionnent très facilement.

Articulation_soufflet.JPG (69125 octets)

Détail de l'articulation des soufflet : Ben c'est du beau boulot quoi.

Remise en état

Le papier du dessus du sommier est remplacé par du papier neuf, de même que celui qui constitue le siège des clapets à l'intérieur des battants. J'ai trouvé du kraft teinté qui convient parfaitement. Pour faciliter le remontage, les emplacements des trous des différentes vis avaient été reportés sur un calque, puis reperforés à l'aide d'un pointeau.

Dessus_sommier_apres.JPG (63554 octets)

La réserve est prête.

Tout est prêt pour le regarnissage des poches. Les clapets sont en place, l'articulation des battants est posée, les éclisses cont collées... Selon l'expression consacrée : c'est le moment de "Faire chauffer la colle" !

Regarnissage.JPG (173072 octets)

Ca se présente plutôt bien non ?

Le chantier collage

Les soufflets sont terminés... Pas eu le temps de faire des photos pendant. Le fer à repasser à l'envers a son thermostat bricolé pour descendre à environ 90°C. Il sert à chauffer le bois avant d'appliquer la colle. Comme ça on a tout son temps. Pour de plus grandes pièces, j'utilise un chauffe-plats.

Pour la colle, c'est un chauffe-biberons. Thermostat bricolé là aussi, mais pour qu'il chauffe plus fort.

Petite entorse à l'original : Je n'ai pas vraiment réussit à plier les coins de soufflets en losange. Enfin si, mais ça ne tenait pas en pression... C'est peut-être moins joli, mais j'ai fait comme je savais faire. Et puis ça ne se voit pas ! ;o).

Chantier.JPG (187108 octets)  Soufflets_finits.JPG (301673 octets)

Une bonne soirée de boulot.

Le sommier présente un léger galbe. Inévitable pour une planche de 300 mm de large et 10 mm d'épaisseur. Une fois collés dessous, les soufflets risqueraient de figer ce galbe. Alors, auparavant, il est plus que judicieux de mettre en place les boîtiers de transfert du dessus afin qu'ils plaquent bien à plat.

Dessus_restaure.JPG (161582 octets)

Quand on pense que tout ça est caché sous la mécanique...

On remarque des morceaux de peau dans le boitier de droite. Mais qu'est-ce ? En fait le bois est d'une qualité assez quelconque, avec des noeuds. Eh bien chaque noeud est masqué intérieurement avec un morceau de peau pour eviter une fuite au cas où le noeud se séparerait ! Bien vu non ?

Assemblage

Petite difficulté : Les pièces de jumelage en triangle ne sont pas exactement interchangeables. Elles sont "presque" identiques et les perçages pour les vis sont "presque" au même endroit. Alors, pour éviter de faire des trous supplémentaires dans les battants quand plus rien ne pourrait bouger, tout est assemblé trou pour trou avant collage. Ensuite on trace, on démonte, et les soufflets sont collés uns par uns sur le tracé.

Soufflerie_terminee.JPG (267823 octets)

Et voilà !

Ensuite, il reste à remettre le sommier sur la base, remonter la mécanique, raccorder les bielles, poser le capot, et passer un carton. Hmmmmm...

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