Il existe de nombreux réglages à effectuer sur un orgue de barbarie. En
voici quelques uns, décrits de manière succinte s'ils sont censés être
connus, ou un peu plus en détails s'ils sont particuliers à cet
instrument-là.
L'entrainement du carton
Il y va un peu du goût de chacun. L'idée étant que la carton remplisse
parfaitement son rôle d'ouverture/fermeture des trous de la flûte de pan,
tout en subissant le moins possible de contraintes et donc d'usure
potentielle. Pour ma part, je m'arrange pour que tous les rouleaux soient d'équerre
et alignés axe sur axe, et je ne mets pas de réglage de pression à chaque
extrémité des ressorts. Ceux-ci basculent autour d'un point central matérialisé
par un pion métallique. La pression est donc la même à chaque extrémité.
Pour tester je passe un ruban de feuilles de papier 80 g en 130 mm de large.
S'il avance bien droit, sans patiner ni se froisser, c'est tout bon.
Au premier plan : le petit levier d'obturation
de la flûte de pan
Les bielles de vilebrequin.
Ici elles sont ajustables en longueur. On les règle pour que le débattement
de chaque battant soit symétrique, et que le changement de sens s'opère à la même
distance du dormant du haut que de celui du bas.
Ca prend quelques secondes...
La pression de
fonctionnement.
Elle a été fixée à 16 cm CE, initialement à cause des violons.
L'emploi d'un pèse-vent est indispensable, et on la règle en travaillant
à la main les branches du ressort qui assure la pression sur la réserve.
Le
ressort est tiré d'une seule tige de 1 m en corde à piano de 2.5 mm
La boîte à soupapes
Sur ce type de boîte il y a 2 réglages à effectuer : la course des
membranes puis les répétitions, dans cet ordre et pour chaque note* !
* Etant donné la caractère particulier de l'instrument, ces
réglages doivent être effectués de manière à faire fonctionner un ou
plusieurs jeux de manière satisfaisante. Il faut donc se placer dans le
"pire cas probable". En me basant sur les premières écoutes et la cohabitation possibles des différents timbres j'ai
choisit d'effectuer ces réglages en ouvrant simultanément trois jeux. En
activer davantage ne présente pas beaucoup d'intérêt. Les anches excluent
les violons car elles les couvrent, et quand on a les piccolos et les anches
ça ne sert à rien de mettre la voix céleste, puisque de toutes façons,
les bourdons seront toujours plus ou moins en décalage par rapport aux
anches et produiront l'effet céleste. Bref... En retournant le problème
dans tous les sens, et pour cet instrument là, j'ai choisit l'association :
bourdons, voix céleste et anches pour ces réglages.
La course des membranes :
Comme les vis de réglage de course sont inaccessibles, on démonte la
soufflerie. On connecte ensuite un générateur d'air exterme non
régulé à l'entrée du sommier au moyen d'une "boîte" munie
d'un volet pour générer une fuite ajustable, ainsi qu'un pèse-vent.
Mode opératoire pour chaque soupape :
1. Ouvrir le trou de commande sur la flûte de pan
2. On désserre la vis de course à fond et on
serre la vis de répétition. Résultat : la note va jouer en continu.
3. Ajuster la pression à 16 cm CE en jouant sur la fuite au niveau de
l'arrivée d'air
4. Tourner la vis de course de manière à diminuer la quantité d'air
envoyée dans la gravure, tout en surveillant le pèse-vent jusqu'à ce que
la pression monte légèrement. A cet instant précis, redesserrer d'un demi-tour pour donner un peu de
marge, et on a le réglage optimal de débit d'air pour ces flûtes-là
Explication. On a 2 "fuites" possibles pour l'air : une par le trou réglable
du volet d'entrée et l'autre par les flûtes. Et aucune des deux ne change de calibre en cours d'opération. Donc,
tant que la soupape fournit assez d'air pour gaver la fuite par les flûtes,
rien ne se passe. En revanche, dès qu'elle n'en fournit plus assez, la
perte d'air côté flûtes devient inférieure à ce qu'elle était au
départ. Conséquence : la pression monte au pèse-vent.
5. Ouvrir la vis de répétition pour faire taire la note et passer à la
soupape suivante en répétant le même processus.
Un réglage optimal en 2 étapes
Les répétitions
On remonte la soufflerie. Pour plus de confort, le générateur
d'air est raccordé sur les entrées d'un battant. Cette fois, c'est la réserve qui effectue
la régulation, et on se retrouve dans les mêmes conditions de pression que
lors d'une utilisation normale.
Un bricolage vite fait avec des bouts de corps
de crayon feutre...
Ce réglage est des plus classiques, et toujours avec les 3 mêmes jeux
activés. J'utilise les conventions de Charial avec des trous de 2.8 mm
espacés de 3.6 mm. Avec PPCaP et mon carton électronique pour plus de facilités
(ce sont les paramètres par défaut du réglage de répétitions intégré)
puis en passant un vrai carton pour vérifier. Bien que ce soit possible, ça
n'est pas très utile d'être plus rapide, sous peine de s'exposer à des trémolos
causés par les petits ponts dont sont truffés les cartons de ce même
noteur. Mais bon, chacun fait comme il le sent.
Faire jouer les anches
Un véritable problème à part entière qui m'a occupé un bon moment,
c'est peu de le dire !
Ce qui n'a pas fonctionné
Comme je l'ai dit au moment de la fabrication de ce registre d'anches, quand
on souffle avec la bouche dans cette sorte d'harmonica géant, tout
fonctionne à la perfection. Mais hélas dès qu'on y apporte de l'air via une
canalisation d'un sommier, quelques anches seulement veulent bien sonner. Il
suffit d'intercaler un tronçon de 5 ou 6 cm de tube avant le sommier des
anches, pour que même avec la bouche, très peu d'anches fonctionnent.
Wouah !
Alors j'en ai essayé des trucs et des trucs ! Des cavités plus ou moins grandes sous
les anches, des interventions à peine qualifiables sur les lames elle-même
(heureusement que j'avais du rab), des anches différentes (j'ai même
essayé du plastique), des sommiers de
différentes épaisseurs et matières, des parois de sommier qui étaient
censées vibrer... Bref, j'en passe et des plus saugrenues, mais à chaque
fois que dalle ! Fonctionnement erratique et rien de bon.
Eureka !
Et puis à force de tripoter les choses dans tous les sens (si !) je me suis
rendu compte qu'en ajoutant une cavité accordable après l'anche
dans le sens du trajet de l'air, on
résout tous les problèmes d'un seul coup. ET CA MARCHE :
- Quelque soit la pression. A moi les anches fortes ou pas fortes.
- Quelque soit l'orientation de l'anche. On peut souffler du côté du rivet ou de
l'autre, ça marche de la même manière.
- Et avec une grande tolérance sur l'écartement de la lamelle par
rapport au chassis. Pas besoin de l'adapter au contexte.
On prend les anches telles qu'elles sont, on pose et ça sonne. Que demander
de mieux.
Au point où j'en étais de la compréhension de ce qui se passe, le
dimensionnement de cette cavité a été purement expérimental :
- Je pars d'un tube avec un bouchon coulissant réglé au volume minimal
dans un premier temps.
- On amène de l'air. Bien évidemment l'anche récalcitrante ne bronche pas
ou fait un bruit bizarre.
- Et on tire doucement le bouchon pour augmenter le volume.
- A un moment c'est quasiment magique : l'anche se met à sonner, fort et
clair.
- On note la position et on met à la place un tube bouché coupé à la
bonne longueur. Ca sonnera désormais à tous les coups.
Constatations :
- Si on augmente encore le volume, cela ne change rien. Mais je n'ai pas
essayé de détecter s'il y avait un maximum qui annulerait l'effet. Sans
doute que oui.
- A diamètre égal, les longueurs de tube semblent suivre un diapason selon les notes. Quelque part,
c'est plutôt rassurant.
- C'est une affaire de volume. Un tuyau plus gros sera plus court.
Explications :
A vrai dire je n'en sais trop rien. On a vraisemblablement affaire à une cavité
d'Helmotz, et au moment de sa mise en pression (et donc en résonance) on créé une onde.
Lorsque celle-ci est proportionelle à celle qui correspond à la fréquence
d'oscillation de la lamelle, cette onde pourrait avoir la particularité
"d'agiter" la lamelle et de faciliter sa mise en oscillation.
Explication "avec
les mains" quoi... et tempérée d'une gros : PEUT-ETRE.
Le registre d'anches prêt à poser
Comme rien de tout cela n'était prévu, il aurait pu y avoir des problème de mise en place. Coup de bol, ça se goupille
pas mal ! Il y a bien un tube qui passe un peu près de la bouche du Do2, mais
il est trop loin pour être gênant. En approchant un tube identique de la
bouche on se rend compte que pour jouer un rôle de frein et provoquer
l'octaviement, il faut être bien plus près de la sortie du canal d'air. Ouf
!
Ca fait quand-même un dessous bien rempli
Les sorties du sommier sont toutes en 8 mm et j'ai prévu un réglage en
traversant le trou avec une vis M8. Il ne faut pas oublier que je suis à 16
cm CE de pression. Et que c'est quasiment cette pression que l'on retrouve
sur l'anche. Ca tombe tout juste à 15 cm quand les 2 bourdons et les violons
pompent en même temps sur la même gravure. Mais 15 cm plein pot sur une anche ça fait bien trop
de bruit. D'où la nécessité de ce réglage.
Certaines anches se contentent de peu
Musique
Enfin. LA récompense :
Une autre :
Voilà, c'est presque finit. Reste une carriole à construire, et puis à peaufiner et
compléter ces pages.