Le sommier est une pièce complexe, vraisemblablement la plus complexe de tout
l'instrument. On peut sans doute faire autrement avec plein de tuyaux souples
dans tous les sens, mais au final ça prend bien plus de place.
Il n'y a cependant pas de véritable difficulté et aucun outillage spécifique
n'est nécessaire. Pour le réaliser correctement, il faut juste un peu de
méthode, prendre son temps et bien réfléchir à ce que l'on veut. Car
beaucoup de choses ne pourront plus être modifiées ensuite, en tous cas pas proprement !
Et donc pour commencer, le titre de cette page n'est un hasard, et ces
éléments doivent
effectivement être fabriqués dans cet ordre : D'abord le registre, puis les
soupapes, et enfin le sommier. Faute de quoi la plupart des
alignements sont quasiment impossibles à réaliser*.
*Il est bien entendu possible de faire un plan avec des cotes au
poil. Mais à moins de disposer d'une fraiseuse à commande numérique, je ne
vois pas bien comment on peut positionner la totalité des trous avec une
dispersion inférieure à une fraction de millimètre dans du bois. Parce que
c'est bien de cette précision dont il est besoin, en particulier au niveau des
glissières de registres. En travaillant en perçage/contre-perçage on évacue
totalement le problème de l'alignement entre couches, même si la position
absolue des trous est approximative.
Le registre Quand tous les tuyaux sont réalisés, ils sont disposés côte à côte
selon l'aspect retenu et maintenus par un serre-joint. Tous les tuyaux se
touchent, ils sont alignés par
l'arrière, et ce ne sera donc pas le cas pour les trous des pied. Pour reporter
leur emplacement sur le bois, un coup de
tampon encreur sur l'extrémité des tubes convient assez bien.
La planche supérieure fait 15 mm d'épaisseur. Un bout de contreplaqué
qui trainait depuis longtemps dans l'atelier, et exempt de toute déformation.
Sa surface est un peu défraichie du reste, et c'est pour ça que je l'ai recouvert de
placage pour faire plus joli.
Vue d'ensemble et côté commandes
Les glissières
Les glissières sont en alu anodisé de 2 mm, et les intercalaires du même
métal choisit avec une épaisseur supérieure de 3 ou 4 dizièmes pour générer
un jeu de fonctionnement. Il suffit
d'emporter son pied à coulisse dans le magasin. :o)
LE seul truc à respecter, c'est la précision des alignements. Donc tout
doit être correctement bridé avant de percer quoi que ce soit. La
planche supérieure est travaillée en premier. Ensuite on ajoute les
glissière que l'on perfore par le dessus. Elle seront soigneusement
ébavurées avant d'essayer de les faire coulisser, sous peine de provoquer
des rayures qui pourraient être préjudiciables à l'étanchéité entre
voisins.
Une fois le registre terminé, la planche est à nouveau utilisée pour contre-percer le dessus du sommier.
Préparation des surfaces : Avant tout perçage, le dessous de la planche, de même que la partie correspondante sur le
sommier sont badigeonnés de plusieurs couches de bouche-pore, suivies d'un
ponçage au papier de verre de 120, et une finition au 400 de carrossier pour
la dernière couche. Le produit colmate des micro-fuites de surface et durcit
notablement le bois. Au final, il n'est besoin d'aucun joint pour assurer une
étanchéité suffisante et le coulissement est très doux.
La boîte à soupapes
C'est quasiment la même que celle du Mini29. Elle est disposée
verticalement et toujours dans le
même esprit : chambres identiques, mêmes ressorts, même diamètre de sortie.
C'est le réglage de course qui effectue l'adaptation de chaque soupape
au(x) tuyau(x) qu'elle alimente.
Les différences avec le Mini29 sont les suivantes :
- La profondeur des chambres est réduite à 4 mm. Inutile de mettre
plus que ce qui est nécessaire à la course de la soupape.
- Le diamètre des chambres est porté à 30 mm.
- La pression du ressort est de 12 g.
- Les sièges de soupapes sont en tube laiton de 14 mm. Avec 132 mm², il
y a de quoi envoyer.
- Les clapets débordent de 2 mm autour des siège : 18 mm de diamètre donc.
- Toutes les soupapes sont dotées d'un réglage de course.
La planche à membranes est en chêne. Les chambres sont badigeonnées avec
de la colle vinylique diluée à 10% d'eau comme habituellement. Par contre, en raison du grand diamètre des sorties (14 mm) et de leur
proximité (2 mm entre voisins) j'ai utilisé de la résine pour la planche qui porte les sièges
en laiton. Ces derniers y sont enfoncés à force en
glissant une goutte de cyano pour sécuriser. Cette opération se fait très bien avec une
perceuse à colonne en guise de presse, et en se servant de la butée de
profondeur.
Boite ouverte et boite fermée
Le pose des membranes et les vis de réglage de course
La réalisation de cette boîte commence par la confection d'un gabarit.
Les 29 perforations de 14 mm sont réparties de manière équidistante sur un
plat en acier de bonne section (4 x 20 mm) et de la même dimension que la
boîte (500 mm).
Dans un premier temps ce gabarit est vissé sur le chant de la planche en
résine de manière à percer les canaux de sortie, puis sur la
planche qui constituera le dessus du sommier afin de percer les trous
correspondants. Les trous de fixation du gabarit seront ensuite utilisés pour
assembler la boîte à
soupape elle-même sur le sommier.
Gabarit, pointeau, emporte-pièce
Au moyen d'une sorte de pointeau qui se centre dans les trous de 14 mm, ce
gabarit est également utilisé pour pointer les chambres, les trous
de rappel, ainsi que les perforations recevant les vis de réglage de
répétitions. Et enfin, à l'aide d'un emporte-pièce fabriqué à la demande
comme le
pointeau, il servira à confectionner facilement le joint*
entre boîte et sommier. En procédant de cette manière, les alignements sont parfaitement conservés.
* Bien sûr, ce n'est pas obligatoire de fabriquer un joint
amovible comme je le fais. Un bout de peau collé sur la boîte et évidé à
l'aide d'un cutter au niveau des perforations fait l'affaire. Mais on ne peut
plus séparer complètement les 2 parties de la boîte à soupape. Et puis je
l'ai déjà dit, j'aime bien séparer les fonctions.
Remarque : Les vis de réglage de course sont situées derrière le soufflet et
seront complètement inaccessibles. Mais ce
réglage n'est à faire qu'une fois et on verra comment s'y prendre pour
l'exécuter facilement.
Le sommier
Pour aboutir à un instrument compact la disposition des tuyaux est assez serrée, et pour
effectuer proprement la distribution d'air, il n'y a guère d'autre solution
que de réaliser un sommier en deux couches. Un peu à la manière d'un
circuit imprimé double-face quoi.
La couche supérieure alimente notamment les tuyaux en registre, et afin
d'éviter tout étranglement de section au regard de ce qui sort de la
boîte à soupapes, sa hauteur est de 15 mm. En revanche la couche du
dessous est moins chargée, les canalisations pourront être plus larges et 10 mm de hauteur suffiront.
Le dessus du sommier avant fermeture : Les inserts métalliques de fixation
du registre sont en place, de même que les pivots de renvoi des
commandes. Remarquer également les trous isolés servant de transferts dessus/dessous, de même que les différents renforts et passages de
vis.
Les 3 planches sont en contre-plaqué "marine" de 5 mm et tous les
intercalaires sont tirés de la même planche de ramin.
Quand on sait exactement ce qu'on veut faire,
en quelques heures on réalise cette étape
Le sommier terminé : Compact, propre et léger.
Dessus et dessous, prêts à monter
Vers la boîte à soupapes, vue des commandes
avec les pivots des renvois
Astuce : Les tubes laiton de 14 mm allant vers la boîte à
soupapes sont collés par l'intérieur du sommier en les enfilants dans
les percages de la boîte à soupapes que l'on fixe sur la planche du
dessus. C'est la condition pour que tout
s'emboîte parfaitement ensuite. Sinon, c'est mission impossible !
Voir également cette vidéo concernant l'encollage du sommier.